Dans un monde de plus en plus marqué par l’avancée technologique, le transhumanisme est devenu un sujet de grand débat. Ses défenseurs le présentent comme la clé pour dépasser les limites humaines, tandis que ses détracteurs avertissent des risques éthiques et spirituels qu’il comporte. En tant que catholiques, nous devons réfléchir profondément à cette question à la lumière de la foi, de la théologie morale et de la dignité que Dieu a accordée à l’être humain.
Qu’est-ce que le transhumanisme ?
Le transhumanisme est un mouvement philosophique et scientifique qui cherche à améliorer les capacités humaines grâce à la technologie. Cela peut inclure l’intelligence artificielle, la biotechnologie, la nanotechnologie et la cybernétique, dans le but de prolonger la vie, d’améliorer la mémoire, d’augmenter la force physique et même de fusionner le corps avec la machine.
Certaines de ses propositions les plus radicales incluent la possibilité de télécharger la conscience humaine dans un système informatique, d’éliminer le vieillissement et même d’atteindre une forme d’immortalité technologique. Dans ce contexte, le transhumanisme apparaît comme une sorte de « nouveau messianisme », promettant le salut par la science plutôt que par la grâce de Dieu.
La vision chrétienne de l’être humain et la dignité donnée par Dieu
D’un point de vue catholique, l’être humain est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu (Genèse 1,27), avec un corps et une âme inséparables. La dignité humaine ne provient ni de l’intelligence, ni de la force, ni des capacités physiques, mais de l’amour de Dieu. Saint Jean-Paul II l’a exprimé clairement dans son encyclique Evangelium Vitae :
« L’homme est appelé à une plénitude de vie qui dépasse de loin les dimensions de son existence terrestre, car elle consiste en la participation à la vie même de Dieu. » (EV, 2)
Le transhumanisme, cependant, réinterprète la nature humaine comme une réalité défectueuse devant être corrigée et dépassée. Au lieu de voir le corps comme une partie essentielle de la personne humaine, il le réduit à une structure modifiable, jetable et manipulable. En ce sens, le transhumanisme entre en conflit avec l’anthropologie chrétienne, qui défend l’unité du corps et de l’âme comme faisant partie du plan divin.
Les risques moraux et théologiques du transhumanisme
Si l’Église ne s’oppose pas en soi au développement technologique—lorsqu’il est au service du bien commun—elle met cependant en garde contre les dangers de perdre de vue la dignité humaine et l’ordre moral. Parmi les principaux risques du transhumanisme, on peut citer :
1. Rejet de la souffrance comme partie du plan de Dieu
Le christianisme enseigne que la souffrance a un sens rédempteur. Le Christ Lui-même a souffert sur la croix pour nous racheter (Matthieu 16,24). Cependant, le transhumanisme cherche à éradiquer toute souffrance physique, comme si elle n’avait aucune valeur. Ce rejet absolu de la croix contredit l’enseignement chrétien sur la rédemption.
2. Perte de l’identité humaine
L’Église enseigne que l’être humain est une unité de corps et d’âme. La tentative de « télécharger » la conscience dans une machine ou de transformer radicalement le corps par la biotechnologie pourrait signifier une déformation de ce que Dieu a créé.
3. Inégalités et exploitation
Le transhumanisme pourrait accentuer l’écart entre riches et pauvres. Si les améliorations technologiques sont disponibles uniquement pour ceux qui peuvent se les offrir, une nouvelle « élite améliorée » émergera, laissant les autres dans une situation d’infériorité. Cela contredit l’enseignement social de l’Église sur la justice et le bien commun.
4. La tentation de vouloir être comme Dieu
Dans le récit de la chute d’Adam et Ève, le serpent leur promet : « Vous serez comme Dieu » (Genèse 3,5). Cette même tentation se retrouve dans le transhumanisme, qui cherche une forme d’immortalité sans Dieu. Or, le seul chemin vers la vie éternelle est le Christ : « Je suis le chemin, la vérité et la vie » (Jean 14,6).
Comment un catholique doit-il répondre au transhumanisme ?
1. Discernement moral et prudence
Toute innovation technologique n’est pas mauvaise. La médecine, par exemple, a été un grand bien pour l’humanité. Cependant, nous devons nous poser la question : Cette technologie respecte-t-elle la dignité humaine ? Est-elle en accord avec le plan de Dieu ?
2. Valoriser le corps comme temple du Saint-Esprit
Saint Paul nous rappelle : « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit ? » (1 Corinthiens 6,19). Plutôt que de chercher à modifier radicalement notre biologie, nous devons prendre soin de notre corps avec responsabilité et respect.
3. Affirmer la centralité de Dieu dans notre vie
Le transhumanisme promet un salut purement terrestre, mais les chrétiens savent que la véritable vie est en Christ. Nous ne devons pas tomber dans le piège de croire que la technologie peut nous donner la plénitude que seul Dieu peut offrir.
4. Promouvoir une éthique chrétienne dans la science
Les catholiques qui travaillent dans les domaines scientifique et technologique doivent être témoins d’une éthique qui respecte la dignité humaine. Il ne s’agit pas de rejeter le progrès, mais de l’orienter selon des principes moraux solides.
Conclusion : La véritable transcendance se trouve en Dieu seul
Le transhumanisme nous pose un défi profond : Où plaçons-nous notre espérance ? En tant que chrétiens, nous savons qu’aucune technologie ne peut remplacer le salut que le Christ nous offre.
Saint Augustin écrivait : « Tu nous as faits pour Toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose en Toi » (Confessions, I,1). Peu importe le degré d’avancement technologique, l’âme humaine aspirera toujours à l’éternité avec Dieu. La véritable transcendance ne réside pas dans la fusion avec les machines, mais dans la communion avec notre Créateur.
Face aux promesses du transhumanisme, le chrétien répond avec foi, espérance et charité, en se souvenant que notre dignité ne dépend pas de ce que nous pouvons faire ou de notre degré « d’amélioration », mais du fait d’être enfants de Dieu, appelés à la vie éternelle en Sa présence.