Le 15 août, l’Église entière se revêt de fête pour célébrer l’un des mystères les plus lumineux de notre foi : l’Assomption de la Très Sainte Vierge Marie. En cette solennité, nous proclamons avec joie que Marie, au terme de sa vie terrestre, a été élevée corps et âme dans la gloire du ciel. Cette vérité, qui brille comme un joyau dans la couronne de la foi catholique, n’est pas seulement un dogme abstrait, mais une source vivante d’espérance pour nous tous.
1. Un dogme né de la foi vivante de l’Église
La croyance en l’Assomption n’est pas une invention récente. Dès les premiers siècles, la tradition chrétienne vénérait le passage de Marie comme un mystère glorieux. Bien que l’Écriture ne raconte pas explicitement le moment de son Assomption, nous trouvons dans la Bible les germes de cette vérité. Le psalmiste proclame :
« La reine se tient à ta droite, parée d’or d’Ophir » (Ps 45,10).
L’image de la Reine aux côtés du trône du Roi anticipe la glorification de Marie, inséparable de la victoire de son Fils. De même, dans l’Apocalypse, Jean contemple « une femme revêtue du soleil, la lune sous ses pieds, et une couronne de douze étoiles sur sa tête » (Ap 12,1), symbole que la tradition a reconnu comme une référence à la Mère glorieuse.
Le 1er novembre 1950, le pape Pie XII a solennellement défini le dogme dans la constitution apostolique Munificentissimus Deus :
« La Mère immaculée de Dieu, la toujours Vierge Marie, ayant achevé le cours de sa vie terrestre, a été élevée corps et âme à la gloire céleste. »
Par cet acte, le pape n’a pas créé une nouvelle croyance, mais a confirmé avec autorité ce que le peuple fidèle avait professé depuis des siècles.
2. Portée théologique : Marie, signe de notre espérance
L’Assomption n’est pas un privilège isolé. Marie participe de manière unique à la victoire du Christ sur le péché et sur la mort. Comme Mère du Rédempteur, préservée du péché originel dès sa conception, elle ne pouvait pas être soumise à la corruption du tombeau.
Dans l’Assomption s’accomplit en Marie ce que nous, chrétiens, espérons tous : la résurrection et la glorification de notre propre corps. Saint Paul nous rappelle :
« Quand cet être corruptible aura revêtu l’incorruptibilité et que cet être mortel aura revêtu l’immortalité, alors s’accomplira la parole qui est écrite : La mort a été engloutie dans la victoire » (1 Co 15,54).
Marie est l’anticipation de cette promesse. En elle, nous voyons réalisé ce que nous attendons au dernier jour.
3. Dimension pastorale : Marie, modèle de foi et d’abandon
L’Assomption n’est pas seulement un mystère à admirer ; c’est une invitation à vivre comme elle a vécu. Marie est parvenue à la gloire parce qu’ici-bas elle est restée fidèle à Dieu en tout :
- Elle a écouté la Parole et l’a gardée dans son cœur.
- Elle a accepté la volonté de Dieu même dans l’obscurité de la croix.
- Elle a vécu pour les autres, depuis son service à Élisabeth jusqu’à son soin des apôtres à la Pentecôte.
Dans un monde qui exalte la réussite immédiate, le pouvoir et le plaisir, Marie nous rappelle que le vrai triomphe réside dans l’humilité, la pureté et la fidélité à Dieu.
4. Applications pratiques pour la vie quotidienne
Célébrer l’Assomption ne doit pas se limiter à assister à la messe du 15 août. Nous pouvons faire de ce mystère un phare pour notre vie quotidienne :
- Vivre le regard tourné vers le ciel
La vie chrétienne ne consiste pas à simplement « survivre » sur terre ; nous avons une destinée éternelle. Chaque jour est une occasion de préparer notre cœur à la gloire. - Prendre soin de la pureté de l’âme et du corps
Tout comme Marie a été emportée toute entière au ciel, nous sommes appelés à honorer notre corps comme temple de l’Esprit Saint. - Dire “oui” à Dieu dans les petites comme dans les grandes choses
La gloire de Marie est le fruit de sa docilité. Chaque acte d’obéissance et chaque renoncement par amour de Dieu sont des semences d’éternité. - Recourir à Marie comme Mère et Reine
Elle n’est pas éloignée de nous parce qu’elle est au ciel ; au contraire, de là-haut, elle intercède sans cesse pour ses enfants.
5. L’Assomption et le monde d’aujourd’hui
En des temps marqués par le matérialisme et le désespoir, l’Assomption est un message à contre-courant : la vie ne s’achève pas dans la tombe. La mort n’a pas le dernier mot. Le corps humain n’est pas un objet jetable, mais une partie de notre identité éternelle.
En Marie, nous voyons que la foi en vaut la peine, que Dieu tient ses promesses et que l’amour triomphe du péché et de la mort. Son Assomption est comme un rayon de lumière qui perce la brume de notre époque et nous rappelle que le ciel est réel et qu’une Mère nous y attend.
6. Conclusion : vivre comme celui qui sait où il va
Le 15 août n’est pas seulement un jour pour lever les yeux et admirer la gloire de Marie. C’est un jour pour regarder en nous-mêmes et nous demander : Est-ce que je vis comme quelqu’un qui se dirige vers la maison du Père ?
L’Assomption nous invite à vivre avec une espérance active. Une espérance qui prie, qui aime, qui se sacrifie. Une espérance qui ne se résigne pas devant l’injustice ni ne se paralyse devant l’épreuve. Car si Marie est au ciel, nous aussi, unis au Christ, nous pourrons y être.
Que chaque 15 août soit un renouvellement de notre engagement à suivre le Christ avec la même foi et le même abandon que sa Mère. Et que, lorsque viendra notre heure, nous puissions entendre Celui qui a exalté Marie nous dire :
« C’est bien, bon et fidèle serviteur… entre dans la joie de ton Seigneur » (Mt 25,23).