Un guide théologique et pastoral pour aujourd’hui
Introduction : Pourquoi parler aujourd’hui de Sodome, Gomorrhe et du Jugement Dernier ?
Nous vivons une époque de changements rapides, où les voix du monde nous invitent souvent à relativiser le péché, à adoucir le langage que Dieu utilise dans l’Écriture, et à oublier qu’à côté de l’amour infini de Dieu se trouve aussi sa justice parfaite. Or, pour vivre une foi pleine et entière, nous devons contempler Dieu dans sa totalité : comme Père miséricordieux et comme Juge juste. C’est précisément ici que les récits bibliques de Sodome et Gomorrhe et les prophéties du Jugement Dernier deviennent une école spirituelle essentielle.
Que nous dit aujourd’hui l’histoire de ces villes détruites par la colère divine ? Quel rapport avec le Jugement Dernier que nous, chrétiens, attendons ? Et comment appliquer ces enseignements à notre vie quotidienne, sans tomber dans la peur, mais au contraire dans une conversion profonde ? Parcourons ensemble ce chemin théologique et pastoral sur l’un des thèmes les plus intenses et actuels de la foi catholique.
I. Sodome et Gomorrhe : Plus qu’une histoire ancienne
Que s’est-il passé à Sodome et Gomorrhe ?
Le récit biblique de Sodome et Gomorrhe apparaît dans le Livre de la Genèse (chapitres 18 et 19). Dieu décide de détruire ces villes à cause de leur péché extrêmement grave, manifesté notamment dans la violence, l’injustice, l’immoralité sexuelle et le manque d’hospitalité — un reflet d’un cœur endurci, éloigné de la volonté divine.
« Le cri contre Sodome et Gomorrhe est bien grand, et leur péché est très grave. » (Genèse 18,20)
Dans sa miséricorde infinie, Dieu écoute l’intercession d’Abraham et accepte d’épargner les villes s’il s’y trouve seulement dix justes. Mais il n’en trouve pas. Finalement, deux anges avertissent Loth — le seul homme juste avec sa famille — et les font sortir avant que le feu ne pleuve du ciel.
Le péché qui crie vengeance au ciel
Traditionnellement, la théologie catholique identifie dans Sodome et Gomorrhe un type de péché qui « crie vengeance au ciel » (cf. Catéchisme de l’Église catholique, n°1867). Il ne s’agit pas seulement de péchés individuels, mais d’un désordre structurel et collectif, d’un rejet systématique de la loi de Dieu et de la dignité humaine.
Aujourd’hui, on pourrait parler de contextes culturels et politiques où le péché est institutionnalisé : lois qui promeuvent la mort, banalisation de l’immoralité sexuelle, destruction de la famille, idéologies niant la vérité anthropologique de la personne humaine créée à l’image de Dieu. En ce sens, Sodome et Gomorrhe ne sont pas qu’un passé ancien : elles sont une image vivante de ce qui se passe dans bien des lieux aujourd’hui.
II. Le Jugement Dernier : la plénitude de la justice divine
Qu’est-ce que le Jugement Dernier ?
L’Église enseigne qu’à la fin des temps, le Christ reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts (cf. Credo de Nicée-Constantinople). C’est le Jugement Dernier, également appelé Jugement Universel, distinct du jugement particulier que chaque âme subit après la mort.
À ce jugement, tout sera révélé. Rien ne restera caché. Les intentions du cœur seront mises en lumière. Ce sera le moment où Dieu rétablira pleinement la justice, récompensant ceux qui ont vécu dans sa grâce et condamnant ceux qui ont rejeté son amour.
« Puis je vis un grand trône blanc et Celui qui y était assis […] Les morts furent jugés selon leurs œuvres, d’après ce qui était écrit dans les livres. » (Apocalypse 20,11-12)
Justice et miséricorde : non opposées
Une des tentations actuelles est de croire que la miséricorde de Dieu exclut sa justice. Or, les deux sont inséparables. Dieu ne peut être miséricordieux s’il n’est pas juste, ni juste s’il n’est pas miséricordieux. Au Jugement Dernier, cette harmonie sera pleinement manifeste : ceux qui ont sincèrement cherché Dieu — même au milieu de leurs fautes — seront accueillis. Mais ceux qui ont obstinément choisi le mal, méprisant sa grâce, seront jugés avec vérité.
III. La colère de Dieu : un concept mal compris
Quand on parle de la colère de Dieu, beaucoup la confondent avec une émotion humaine incontrôlée. Mais la colère de Dieu n’est ni capricieuse ni vindicative. C’est son rejet ferme, pur et saint du mal — son opposition radicale au péché qui détruit l’être humain.
La colère de Dieu est une expression de son amour. Parce que Dieu aime l’humanité profondément, il ne peut tolérer ce qui la détruit. Il ne hait pas le pécheur, mais il hait le péché qui éloigne le pécheur de lui.
Saint Augustin disait : « Dieu punit le mal non parce qu’il en prend plaisir, mais parce qu’il est attristé que l’homme ait choisi le mal. » Ainsi, la colère divine n’est pas l’ennemie du salut, mais un avertissement sérieux : change ta vie tant qu’il est encore temps !
IV. Enseignements théologiques pour notre époque
- La liberté n’est pas l’impunité
Nous vivons dans une époque qui exalte la liberté comme si elle signifiait l’absence de limites. Mais l’histoire de Sodome et la doctrine du Jugement Dernier nous enseignent que toute liberté doit être orientée vers le bien. L’impunité morale est une illusion : chaque action a des conséquences éternelles. - Dieu n’oublie pas les justes
Même au cœur d’une société corrompue, comme Sodome, Dieu voit les justes. Loth fut sauvé à cause de sa fidélité. En des temps où les valeurs chrétiennes semblent disparaître, c’est un appel à persévérer. Être lumière dans les ténèbres a du sens — et Dieu le remarque ! - Le jugement commence par la maison de Dieu
Saint Pierre dit : « Le moment est venu où le jugement commence par la maison de Dieu » (1 Pierre 4,17). Cela signifie qu’avant de pointer les péchés du monde, nous devons examiner notre propre conscience, la sainteté de nos communautés et l’authenticité de notre foi.
V. Guide pratique : comment vivre aujourd’hui à la lumière de cet enseignement
1. Examen quotidien de vie
Avant de dormir, fais un examen de conscience. Demande-toi :
- Ai-je été fidèle à Dieu en pensée, en parole et en action ?
- Ai-je justifié mes péchés par des excuses ?
- Ai-je appelé “bien” ce que je sais être mal ?
Fais-le avec honnêteté et sans peur, sachant que Dieu t’aime et veut ton salut.
2. Confession fréquente
Rien ne purifie autant qu’une bonne confession. Va-y régulièrement — pas seulement pendant le Carême ou l’Avent. Souviens-toi que la confession non seulement pardonne, mais fortifie et guérit l’âme.
3. Formation doctrinale
Connais ta foi. Lis le Catéchisme, étudie les Saintes Écritures, rejoins des groupes de formation. Il ne suffit pas de “ressentir” Dieu ; il faut le connaître pour l’aimer de manière mûre.
4. Œuvres de miséricorde
Le meilleur moyen de se préparer au Jugement Dernier est de vivre la charité. Jésus nous jugera sur l’amour : “J’avais faim, et vous m’avez donné à manger…” (cf. Matthieu 25,31-46). Pratique concrètement la charité : aide les pauvres, visite les malades, console les affligés.
5. Prière et vigilance
Le Seigneur viendra “comme un voleur dans la nuit” (1 Thessaloniciens 5,2). Ne vis pas comme si tu avais tout le temps devant toi. Prie, garde ton cœur, et reste en état de grâce.
Conclusion : Faut-il craindre ou aimer la colère de Dieu ?
Le chrétien ne vit pas dans la peur, mais dans la vigilance. La colère de Dieu n’est pas faite pour nous terrifier, mais pour nous réveiller. Ce n’est pas une fin obscure, mais un appel lumineux à la conversion.
Sodome et Gomorrhe nous rappellent que la justice existe. Le Jugement Dernier nous rappelle que l’espérance existe aussi, car Celui qui nous jugera est le même qui a donné sa vie pour nous.
Vivons les yeux tournés vers le Ciel, les pieds bien ancrés sur la Terre, et le cœur transformé par la grâce. Il est encore temps de changer, d’aimer plus, de mieux vivre.
« Voici maintenant le moment favorable, voici maintenant le jour du salut. » (2 Corinthiens 6,2)
Es-tu prêt à regarder ta vie avec les yeux de Dieu ? Que changerais-tu aujourd’hui si tu savais que demain tu te tiendrais devant son trône ?
N’attends pas. Vis en état de grâce. Aime avec ferveur. Repens-toi avec humilité. Le Ciel t’attend.